Une mère à part

«Le départ de ma mère a été ma première blessure.»

Poète, militante, lesbienne, Américaine d’origine jamaïcaine, mère : la personnalité de Staceyann Chin est la somme d’identités multiples et complexes. Mais de toutes ces identités, la plus difficile à porter est sans contredit celle de fille.

Abandonnée dès son plus jeune âge par sa mère, Staceyann la cherche pendant des décennies, parcourant la planète pour tenter, unilatéralement, de nouer un lien significatif avec la femme qui l’a mise au monde.

Aujourd’hui parent unique de Zuri, neuf ans, elle se heurte à une interrogation déchirante : comment materner une petite fille lorsque notre propre mère a manqué à l’appel?

En traçant le portrait d’une femme qui choisit d’assumer profondément sa parentalité et d’y mettre tout son cœur, la réalisatrice Laurie Townshend relate une extraordinaire histoire de grâce et de pardon. Une mère à part nous présente Staceyann alors qu’elle est sur la piste de son insaisissable mère — une piste qui la conduit à Brooklyn, à Montréal et à Cologne pour finalement la ramener vers la Jamaïque, son pays natal. Chemin faisant, elle pourrait bien trouver le sentiment d’appartenance qui lui a tant manqué.

Véritable parcours de la guérison qui s’étend sur trois générations, le film est ponctué d’animations colorées, d’images tirées d’archives personnelles et d’extraits de saisissantes interprétations en direct de Staceyann. Sa voix intersectionnelle singulière, qui retentit dans le légendaire Def Poetry Slam et ses spectacles solos très courus, dont MotherStruck!, imprègne le film d’une compassion profonde et d’une impétueuse intelligence.